Billy Chapata

Playlist Playing : Faded to Sade – Lyrica Anderson

On se parle. On discute. On se câline toujours. Mais les choses ont changé petit à petit. On reparle du « projet » enfants. Je lui dis que je refuse d’hypothéquer la vie de mes futurs gosses en les faisant arriver dans un environnement familial qui n’est pas sain. Car la situation avec sa mère ne s’arrange pas, elle est de plus en plus pesante.

Un an auparavant, lors de ces RDV furtifs avec ma petite voix intérieure, je m’étais rendue compte que quelque chose avait changé en moi. J’avais perdu quelque chose, de précieux. Enfin qui était devenu précieux pile au moment où je me suis rendue compte que je l’avais perdu … Ma joie de vivre ! C’est quelque chose qui m’a toujours caractérisée, on m’a toujours définie ainsi. Mais hélas … En plus de mon couple qui battait de l’aile, je commençais à tourner en rond à mon boulot. Je me posais beaucoup de questions, j’étais paumée. J’étouffais. Je me sentais épuisée, la sensation d’avoir tout essayé, de ne pouvoir rien faire de plus. J’étais allée jusqu’à essayer de rencontrer ma belle-mère pour comprendre, prête à m’excuser pour je-ne-sais-quoi, juste pour que les choses aillent mieux. Elle a refusé cette rencontre. J’avais au moins l’esprit tranquille, me disant que j’avais tout essayé. J’ai finalement décidé que ça suffisait, que j’étais aussi l’enfant de quelqu’un hein, que ce n’était pas à moi de tout faire, Daniel avait une part importante à jouer dans l’histoire à mon sens. Quoiqu’il en soit, j’avais perdu quelque chose dans tout ce bordel qui avait assez duré. Je me suis alors souvenue de cette conversation avec une amie qui nous racontait comment une thérapie lui avait changé la vie. J’ai mis du temps, mais j’ai fini par lui demander le numéro de sa thérapeute slash coach de vie slash gourou slash whatever. Je me féliciterai toujours d’avoir su faire attention à la -MA- petite voix .

« Oui, bonjour. J’ai eu votre contact via XX, j’aurais aimé savoir s’il était possible de booker une séance de coaching ». L’appel était passé. J’étais si loin de m’imaginer tout ce qui allait suivre. Quelques semaines plus tard, la 1ère séance. « Oui, alors enchantée bla bla bla » … « Racontez-moi, pourquoi vous m’avez contactée, de quoi souhaitez-vous parler ? » – la thérapeute. Puis, Moi – « Bruits de chouinement (j’sais pas si ça se dit hein)… » Et pour cause, suite à cette question, je me souviens avoir pleurer pendant un très long moment qui m’a paru être 1h, ou une éternité. J’étais lessivée ! J’ai compris par la suite que le-la coach de vie diffère d’un-e psy en ça qu’il/elle ne sera pas forcément là pour repartir de notre enfance pour comprendre ce qui se passe, où on en est etc. La séance de coaching se voudrait plutôt pratico-pratique, on est là pour être écoutée, parfois comprise oui, mais aussi et surtout pour trouver des solutions ! Je reviendrai sûrement sur ce chapitre, mais autant vous dire que sans ça, je ne suis pas certaine que j’aurais aussi bien traversé l’étape de la séparation et d’une nouvelle vie. Waouh ! Quelle étape, mince alors.

Alex Elle

Au fur et à mesure, je redevenais moi. Je retrouvais un esprit positif, de la force pour croire en moi et comprendre que j’étais réellement la seule gérante de ma vie, comprendre qu’il était temps d’arrêter d’être spectatrice pour passer à l’action, comprendre que les gens doivent me respecter autant que je les respecte, comprendre qu’en fin de compte, dans cette situation belle-mère-belle-fille-fils-copain, il y’avait manipulation. Daniel observait, remarquait et me faisait remarquer ce changement. Il était heureux pour moi, mais je pense qu’il comprenait aussi que cela nous éloignait petit à petit. Car plus je me concentrais sur moi, plus je comprenais ma valeur, moins j’acceptais certaines choses. Lui, continuait de sombrer. Il avait toujours été plutôt négatif depuis que je le connaissais, et me disait souvent que je prenais tout à la légère lorsque pour une situation donnée, je voyais presque toujours le verre à moitié plein. Il sentait que ce côté-là revenait petit à petit. Je lui avais conseillé de tester, d’appeler la coach. Mais je me suis vite rendue compte, avec tristesse, qu’on peut être extrêmement intelligent, humain, plein de valeurs, et avoir à la fois, une peur bleue de se mettre face à soi, une gêne de se mettre à nu. Une fois de plus, souvent bloqué par des croyances culturelles limitantes qui nous nuisent et nous brisent : un homme n’est pas faible, un homme n’exprime pas ses sentiments, ne pleure pas, les africains ne vont pas chez les psy, ce sont des choses de blancs etc etc etc. Comme si nous étions une race au-dessus de toute notion de santé mentale, plus intrinsèquement forte que les autres – bla bla bla. Seulement, le coeur a un langage bien à lui, où la raison n’a pas toujours lieu de co-habiter, les émotions ne se réservent, elles, qu’à celleux qui veulent bien les écouter.

Comme on dit chez moi, « Moi, quoi ? » Je continuais mes séances. Qui étaient censé durer 1h mais duraient finalement rarement moins de 2-3 heures. Je devais m’isoler, être au calme, avec un carnet et un stylo, avant de décrocher mon téléphone pour appeler la coach. A la fin de chaque séance, j’étais épuisée, car oui ça fatigue de creuser en soi, de sortir toute sa merde, de tirer des fils, de comprendre certaines choses, d’y voir plus clair, de pleurer …. D’investir sur soi tout simplement. Je ressortais avec mes petits exercices à faire pour la séance suivante et ainsi de suite. Petit à petit, je me redécouvrais. Je comprenais mes réactions, mes manques, ceux qui me poussaient, inconsciemment, à accepter certaines choses, je comprenais d’où venaient mes peurs et j’apprenais à les dépasser, et puis, je comprenais surtout que j’avais le pouvoir de changer certains comportements sans avoir à changer la personne que j’étais. Daniel et moi avons eu des moments de répit. Plusieurs fois nous avons pensé que ça repartait, qu’on arriverait à gérer, à faire repartir la machine. Jusqu’au jour où j’étais censée aller voir une énième tante que je n’ai pas réussi à voir – qui je l’ai compris plus tard, était ma dernière chance de rentrer dans le coeur de sa mère après 10 ans de relation dont les 2 dernières plutôt douloureuses-. Ou d’après lui, que je n’ai pas tout fait pour réussir à voir. Ca a été la goutte d’eau …

Nous étions épuisés. J’avais prié, et demandé à Dieu que tout s’arrête si vraiment ça devait s’arrêter, si ça n’allait pas marcher. Mais tu connais, nous les go nous sommes des forceuses, on a une capacité d’encaissement impressionnante, c’est n’importe quoi, faut qu’on arrête. J’étais quand même prête à prendre sur moi et céder à la fameuse next step, celle de faire des enfants ! Heureusement cette idée a disparu de mon esprit aussi vite qu’elle était arrivée. Puis un vendredi soir, veille d’un week-end surprise que j’avais pris le soin de réserver pour son anniversaire, la dispute qui allait tout faire basculer éclatât ! Nous sommes épuisés. J’insiste, nous avions d’autres problèmes de couple. Mais être entre sa famille et moi l’avait littéralement achevé. La décision est prise, on va se séparer. S’en est suivi un des week-ends les plus tristes et douloureux de ma vie d’adulte. Enfermés dans un hôtel à pleurer, à me demander ce que j’allais devenir, comment j’allais faire ? Avec raison, ce n’est pas pour rien qu’on identifie ce type de situation à un deuil. Devoir réapprendre : à vivre, à posséder sa vie, à faire sans l’autre. Nous étions si tristes ! Quel gâchis. Et c’est là qu’on se demande comment a-t-on fait pour en arriver là ? Quand est-ce que tout a basculé ? C’est ça la magie du truc, c’est qu’on laisse pourrir nos relations. On s’oublie soi, on ne se respecte pas assez pour se faire valoriser, puis on ne fait pas attention à l’autre, on oublie le fait que c’est un travail sans relâche que de conserver une relation saine, où chaque partie s’y retrouve et se sent à sa place, que la relation en question soit amoureuse, amicale ou familiale, et qui plus-est avec les 2 premières qui sont, à priori, celles qu’on choisit.

Voilà ! C’est la fin … Qu’allions-nous devenir ? Nous qui nous voyions finir notre vie ensemble … Nous resterions encore ensemble quelques mois. Nous avions décidé de ne pas tout ruiner, de ne pas se quitter en mauvais termes, de prendre le temps de se séparer. Nous avons vécu environ 3 mois comme ça. Puis « il faut qu’on arrête, ça me fait plus de mal que de bien, je ne vais pas arriver à me détacher » m’a t-il dit. Quelques semaines plus tard, je quittais notre appartement pour m’installer chez MOI. C’était la toute première fois que j’avais un chez MOI à moi toute seule, avec mon nom sur la BAL, bon et sur les factures aussi ugh ! C’était le début de ma renaissance, de ma seconde vie.

La suite au prochain, tu coco.

Pomelo.

6 commentaires sur “Roots … Couette & Ginger Beer.

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